Victor MONIOT

Ce projet de fin d’étude s’intéresse à l’avenir des villages face à la nécessaire mutation de nos sociétés vers des modes de vie plus adaptés aux mutations climatiques et à la gestion des ressources.

J’ai fait le choix de confronter ce sujet à mon village d’enfance, Rouvroy/Audry, une commune de 583 habitants, dans le département des Ardennes, à proximité de la frontière belge. Bien que le village possède une histoire et une identité propre, celui-ci partage des caractéristiques semblables à de nombreux villages français.

Lorsqu’on habite à Rouvroy, on possède une maison, on profite d’un jardin, on sort le chien, on peut voir la forêt depuis sa fenêtre, on apprécie la tranquillité. Un mode de vie, pour certains un idéal, assez confortable mais qui présente aujourd’hui certaines limites.

Ce mode de vie est basé sur l’utilisation de la voiture. On prend la voiture pour aller travailler, pour faire ses courses, pour se divertir. En effet la concentration des activités et des commerces dans les zones urbaines a créé une dépendance des campagnes à celles-ci. Outre la pollution et la dépendance au pétrole, cette utilisation, abusive mais nécessaire, de la voiture a un impact sur la qualité de vie. L’espace publique est de plus en plus dessiné pour la voiture et la place du piéton tend à être minimisée. On croise de moins en moins de personnes dans les rues, on ne rencontre que très rarement ses voisins, les relations sociales et la vie de village s’amenuisent.

Heureusement, ceci n’est pas une fin en soi. Concernant la nourriture, la mise en place de circuits courts pourrait permettre de se fournir localement en produits locaux. On pourrait également imaginer ramener des lieux de production au cœur du bourg. Cela permettrait à la fois de dynamiser la vie de village, et surtout de reconnecter le consommateur au produit, élément essentiel pour des consommations plus responsables. On pourrait enfin imaginer pratiquer de nouveau le village à pied plutôt qu’en voiture et peut-être à terme de réactiver l’ancienne gare qui voit les trains passer sans s’y arrêter.

Évidemment, ces rêves, ces envies, nécessitent de repenser l’organisation spatiale du village et d’accueillir de nouvelles activités afin de poser les jalons de cette mutation et d’attirer de nouveaux habitants.

Pour se faire, et dans un premier temps, le projet s’articule autour de la friche de l’ancienne fromagerie du village, située en son centre et abandonnée depuis plus de 30 ans. Celle-ci est réinterprétée pour accueillir une malterie pédagogique, un pressoir et une cuisine collective. Dans une optique à la fois pédagogique, paysagère, mais aussi d’autonomie, ces espaces sont prolongés respectivement par un champ d’orge, un verger, et des potagers communaux.

Le second axe de travail se situe au niveau de l’espace publique : retrouver une centralité dans un village issu de la fusion de deux communes, créer des relations visuelles entre le passant et les lieux de production, permettre et donner envie aux habitants de pratiquer le village à pied.

Ensuite, cette première intervention pourrait être vectrice de nouvelles dynamiques que nous chercherons à anticiper pour le développement futur du village : diversification de l’offre de logement, densification du tissu bâti, développement du potentiel touristique.