Marie OLHASQUE
Urepel, vers un village coopératif et nourricier
Au regard des enjeux climatiques, environnementaux et sociétaux que nous connaissons tous, les territoires ruraux ont un grand rôle à jouer dans la « transition vers la soutenabilité » en tant que territoire nourricier notamment. Ces campagnes qui redeviennent désirables doivent toutefois être accompagnées dans cette transition. Et la responsabilité appartient notamment aux architectes d’initier, de soutenir la mutation de ces territoires afin qu’ils puissent accueillir de nouvelles pratiques villageoises.
Dans ce contexte, au cœur du Pays Basque, la vallée des Aldudes est un coin de France rural, isolé et pourtant plein de vie et d’opportunités. Au fil de la rivière – la Nive des Aldudes –, les villages de Banca, Aldudes et Urepel se succèdent. Au milieu des paysages vallonnés de moyenne montagne, le cadre est idyllique et la vie y est paisible, peut-être trop selon certain·e·s. En conséquence de l’exode rural qui a marqué la vallée par le passé et du développement généralisé de la voiture, ce territoire rural a vu ses habitations, ses fermes se vider et ses commerces se fermer. La dynamique s’est cependant inversée depuis quelques années avec l’installation de nouveaux ménages et notamment les jeunes des villages de plus en plus intéressé·e·s pour rester vivre dans la vallée. Néanmoins, de nombreuses maisons et fermes, qui plus est d’une grande valeur patrimoniale, demeurent vacantes n’attendant qu’à être réinvesties.
De même, certains commerces et services manquent encore pour réactiver pleinement la vie dans la vallée.
Au sein de la vallée, Urepel apparaît être le village le plus démuni. Sa situation en amont l’éloigne des communes plus urbaines situées en aval dont il dépend par l’absence de commerces et services de proximité. Le village ne manque pourtant pas d’atouts qui peuvent appuyer son développement : un bâti vernaculaire vacant à réhabiliter, des richesses naturelles le rendant attractif (néo-ruraux, touristes) et lui permettant d’atteindre une possible autosuffisance alimentaire, la tradition des "communs" ou encore une forte solidarité locale qui impulse la dynamique. Comment alors conforter la vie rurale de ce territoire ? Que manque-t-il à la commune d’Urepel pour qu’elle retrouve toute sa vitalité ?
A travers mon projet de fin d’études, je propose d’accompagner le village d’Urepel dans sa quête d’un avenir idéal en réinvestissant le bâti vacant du village par des communs. Le bourg redeviendra le cœur battant du village au travers la création de la maison commune qui réhabilite une ancienne etxe. Cet habitat intergénérationnel associé à un programme public, multifonctionnel et mutualisé, favorisera les temps de
rencontre et les solidarités habitantes.
Cette intervention s’inscrit au sein d’une stratégie territoriale qui vise à redonner de l’importance aux ressources du territoire dans la quotidienneté des habitants. Le parcours piéton et cyclable est favorisé en fond de vallée avec la création d’un chemin « cyclo-productif » qui permet de redécouvrir la rivière et le long duquel se développent les pratiques vivrières. Ce fil habitant connecte le bourg à d’autres polarités repérées pour devenir elles aussi des catalyseurs de la vie du village. Le hameau devient ainsi le pôle de l’agriculture vivrière en vue de favoriser la résilience alimentaire de la vallée. Ceci participe aussi au maintien et à la diversification de l’agriculture. En atteste une ferme vacante réinvestie en ferme équestre et en habitat social paysan.
Ainsi, ce projet interroge la mutation du village d’Urepel qui, au regard de la transition rurale, pourrait accueillir d’ici quelques années de nouveaux imaginaires de vie et amener un nouveau souffle à la vallée.