Paul Ettwiller
Sur le plateau du Haut-Léon entre Morlaix et Roscoff, la mobilité comme levier de transformation du territoire
Après plusieurs décennies sans entretien, un glissement de terrain a définitivement condamné la ligne ferroviaire Morlaix-Roscoff en 2018. Si ce changement de la mobilité constitue une frustration pour les habitants, il est surtout symptomatique de l’évolution de fond de ce territoire. Les enjeux autour de la réserve foncière constituée par la ligne ferroviaire sont nombreux puisqu’elle se situe aux portes des centres-villes à réactiver. Bien que la réouverture de la ligne soit souhaitée par la région et le département, l’investissement pour réparer le tronçon accidenté est jugé prohibitif.
La côte nord du Finistère est parfois appelée « ceinture dorée » en référence aux cultures légumières primeurs qui ont conditionné son développement. Cette économie s’est récemment orientée vers les services : ce système est plus fragile, plus saisonnier, peu autonome, pourvoit moins d’emplois et occasionne un étalement urbain important. Les déséquilibres sont multiples : la tertiarisation paupérise la population qui réside de plus en plus loin du littoral pourvoyeur d’emplois, l’étalement urbain menace la rentabilité agricole, et le système agro-industriel repose toujours plus sur la dépense énergétique. Un rééquilibrage paradoxalement salvateur semble inévitable, causé par l’augmentation des prix de l’énergie, l’effondrement de la biodiversité, le réchauffement climatique. Si les modalités de ce renversement restent aujourd’hui inconnues, le manque de vision et d’anticipation est criant.
Il s’agit dans ce projet de fin d’études de mettre au point l’idée d’un futur désirable à court terme qui réponde tout particulièrement aux enjeux de limitation de l’étalement urbain et de l’artificialisation des sols, de décarbonation des activités, des flux induits et des déplacements, avec une attention particulière à la qualité de la vie urbaine des habitants. Dans un scénario qui emploie le fret légumier comme financeur de la réouverture de la ligne, elle peut également servir à la recombinaison de la carte mobilitaire, autour d’un tram-train. Un travail urbain sur les points d’arrêt cherche à en définir trois : une centralité régionale à Saint-Pol-de-Léon, un relais vers la campagne à Taulé, et un ancrage rural à Sainte-Sève. Le projet explore 3 cas d’études où à la fois les objectifs et les outils mis en œuvre pour les atteindre sont déclinés.