Haik FINDJI
Siloé, Puerta del Campo
Accroché aux derniers soubresauts de la cordillère des Andes, Siloé, dédale de ruelles spontanées nées d’un important exode rural, regarde Cali, récente mégalopole Colombienne de 2,2millions d’habitants.
Étalée dans la plaine d’un fleuve bridé, cette dernière ne lui rend pas vraiment son regard : attentive seulement aux épisodes violents de l’histoire récente de ce quartier perché, les affrontements pour la récupération des terres, la présence de la guérilla, le narcotrafic, qui ont imprégné l’imaginaire collectif, cette métropole générique ne fait pas grand cas de l’inspirant récit communautaire de Siloé. Celui-ci est comme enseveli sous les débris de brique et de béton des fréquents glissements de terrain de la montagne qui ne supporte plus les dérives de l’urbanisation ; il semble étouffé par la démographie du coteau.
Mais le souvenir d’une ruralité singulière dans laquelle la quartier trouve son origine imprègne-t-il encore la mémoire de ses habitants ? Dans quelle mesure cette mémoire rurale pourrait-elle être porteuse d’un nouveau visage du territoire ?
Le projet propose de mettre à profit la secrète poésie des lieux et la prédisposition de ses habitants à cultiver un rapport sensible à leur environnement, en enracinant une nouvelle image pour ce territoire, venu des campagnes et à la "porte de la campagne". Il s’agira de développer un levier de développement local permettant aux acteurs du quartier d’expérimenter de nouvelles formes d’urbanité via un usage réinventé d’une ressource polyvalente ancestrale.
La dynamique de projet proposée repose sur la mise en relation du quartier avec les cycles et les usages d’un matériau constructif vernaculaire négligé : la guadua, bambou géant endémique de cette région du monde. Le projet propose de structurer cette rencontre via l’importation progressive de cette ressource pour répondre à des enjeux sécuritaires de maintien des sols et de requalification paysagère et pour valoriser avec les habitants du territoire les nombreuses valeurs d’usage associée à ce matériau. Il s’agira de construire les premières infrastructures nécessaires à la transformation de la ressource et à l’appropriation collective du matériau de la morphose.