Corentin FOISSEY
Semur-en-Auxois, laboratoire d’une nouvelle rurbanité
La France - comme beaucoup d’autres pays européens - a connu une transformation et une évolution urbanistique sans précédent au cours du siècle dernier. Le rôle défensif et la question de l’autosuffisance des villes ne s’affirmant plus comme la priorité, la plupart des communes se sont alors développées hors de leurs limites historiques. La reconstruction d’après-guerre, les Trente glorieuses et la démocratisation de l’automobile ont fait naître un urbanisme diffus - qui est encore à l’œuvre aujourd’hui - et notamment dans ce qu’on appelle la « France périphérique ».
Dans ces territoires, et principalement ceux de campagne, nous vivons à deux échelles, passant directement de sa maison et son jardin à l’autoroute. L’échelle intermédiaire que constitue le quartier et l’espace public s’est délitée au profit de services situés en périphérie, accessibles exclusivement par voie routière.
Le projet s’inscrit, ici, logiquement dans une démarche visant à stopper une artificialisation continue des sols sur ces territoires. Mais il est surtout question de travailler sur ces greffes et ces articulations entre ville-mère et extensions. Ainsi que de comprendre comment ces « campagnes urbaines », jouissant de ressources mondialisées et ayant adopté un mode de vie de plus en plus urbain, se sont constituées.
Là où autrefois, la proximité des ressources en milieu rural participait à l’édification des centre-bourgs, et où le savoir-faire et les matériaux employés faisait écho à une identité territoriale, laisse désormais place à une normalisation des formes bâties et à la reproduction d’un modèle générique. Cette décontextualisation progressive a inévitablement tendu à fragiliser le lien et l’appartenance de ces habitants à leur territoire. Et ce détachement qui s’observe pour la consommation résidentielle, se manifeste également pour la consommation alimentaire dorénavant.
Dans les deux situations, il semble qu’un nouveau rapport à la proximité des ressources, est à étudier. Et c’est peut-être dans ces enclaves et ces interstices entre grands ensembles, zone pavillonnaire, zone commerciale et centre ancien que le projet peut avoir lieu. L’alimentation (production/entreposage/distribution) sera alors l’un des leviers utilisé ici pour tenter de répondre à cette problématique alimentaire, urbaine et écologique.
Pour cela, Semur-en-Auxois, ville de 4100 habitants en Bourgogne, servira d’exemple. La problématique est certes nationale, mais la résolution se doit d’être locale, travaillant sur l’histoire et l’identité de la ville. Ces campagnes ont longtemps été ballottée entre tradition et modernité mais sont, aujourd’hui, l’occasion d’être un laboratoire d’une nouvelle rurbanité soutenable.