Cat Tien Thai Nguyen
Réhabilitons le pavillonnaire
Aujourd’hui, un Français sur quatre vit dans un lotissement pavillonnaire, et cette demande tend à augmenter. Architecture sans architecte, ce modèle d’urbanisme consumériste s’est développé à grande vitesse dans la plupart des villes périphériques, au dépend des terres naturelles et agricoles.
Ce projet s’inscrit dans une démarche visant à stopper l’artificialisation des sols dans ces territoires. Mais il est surtout question de travailler sur le pavillonnaire en lui-même, pour comprendre son fonctionnement, ses habitants et sa capacité de mutation. Il s’agit de remettre sur le devant de la scène cet « urbanisme du quotidien », souvent critiqué, mais qui possède un réel potentiel en veille et en attente d’attention.
Dans ces zones résidentielles où l’on vit à deux vitesses, passant directement de son pavillon à la route nationale, l’échelle intermédiaire du quartier et de l’espace public est absente. L’habitant-consommateur se retrouve ainsi détaché de son voisinage et de son territoire. Là où jadis les villages se sont constitués en fonction des ressources et les habitats reflétaient une identité et un savoir-faire local, on constate aujourd’hui une uniformisation des paysages, et une « moyennisation » des besoins des habitants, au profit d’une rationalité économique.
Bien que critiquable, ce système pavillonnaire apparaît encore pour beaucoup comme l’unique voie d’accès au rêve de la maison individuelle, symbole de réussite sociale. Il ne s’agit donc pas de remettre en cause la maison en elle-même, mais d’intégrer cet idéal personnel à un réel projet collectif de renouvellement urbain.
Dans ce cadre, Cercottes, ville de 1480 habitants dans le Loiret, nous servira d’exemple. Cette commune abrite le plus grand lotissement au Nord d’Orléans – le Chêne Brûlé – qui fait face depuis quarante ans à une forte demande de maisons. Mais alors que des raquettes se construisent sans cesse, on assiste en parallèle à un délitement du quartier : habitants vieillissants, pavillons plus adaptés, précarité énergétique, manque d’équipements et d’espaces publics.
Il s’agira alors de redonner une place centrale à l’habitant, pour définir ensemble les règles d’un urbanisme collaborative. Ce projet de renouvellement urbain veut ainsi permettre à chacun d’habiter une maison adaptée à ses besoins, tout en participant à un projet de quartier et de territoire.
L’architecte a alors toute sa place dans cette réhabilitation pavillonnaire. Son rôle est même multiple, à la fois médiateur, coordinateur, conseiller et maître d’œuvre : c’est tout un champ des possibles qui s’ouvre, et qui est à explorer ensemble.