Ninon Peyrigue
Nouvelles pratiques villageoises à Steige. Penser la mutation du village au regard de la transition rurale
Au regard des nombreux enjeux climatiques, environnementaux et sociétaux que nous connaissons tous, certains font l’hypothèse, comme Marc Verdier, que les ruralités pourraient devenir « des territoires de vie et de résistance à la dérive des mondes ». L’hypothèse d’une transition rurale et du regain d’importance des villages dans les écosystèmes humains invitent à repenser ces lieux et à anticiper leur nécessaire mutation pour accueillir de nouvelles pratiques villageoises.
Ce projet de fin d’étude confronte ce sujet au village de Steige, une commune du Massif des Vosges de 622 habitants.
Lorsqu’on vit à Steige, on profite d’un cadre de vie très agréable, bercé par les paysages montagnards alentours et la tranquillité des lieux. Cependant ce mode de vie, idéal pour certains, repose sur une forte dépendance aux communes plus urbaines et donc à la voiture pour aller travailler, faire ses courses ou encore se divertir. Le dernier siècle a ainsi vu se disloquer la vie du village avec une disparition progressive des services de proximité, des espaces publics et l’arrivée de nouvelles populations aux périphéries du village moins investies dans la vie villageoise. Les services de proximité ont peu à peu fermé, faisant passer Steige d’une communauté très autonome à un village fortement dépendant des autres communes. Pourtant, certains savoir-faire et ressources essentiels sont encore présents (travail du bois, élevage et production alimentaire (viande, produits laitiers)).
Au regard de la transition rurale, l’enjeu pour le village est donc de retrouver plus de synergies inter et intra villageoises, en vue de recréer de réels écosystèmes de développement local et solidaire. Pour cela, j’envisage une réflexion à trois échelles.
Tout d’abord, une intervention urbaine repense les synergies au sein du village et avec les communes voisines. La question identitaire du village est posée, avec la proposition de l’insertion d’un relais culturel dédié à la fabrique du spectacle vivant pour attirer de nouveaux acteurs dans le village, développer l’imaginaire et rassembler les habitants. Les principes de mobilité sont également repensés pour favoriser la pratique piétonne et cyclable du territoire.
Puis, une transformation de l’espace public et un renouvellement programmatique sont pensés au niveau du centre du village, lieu clé et pourtant en voie d’abandon du village. La création d’espaces maraîchers, aujourd’hui peu présents dans le village, associés à des programmes dynamiques, intergénérationnels, multifonctionnels et mutualisés, visent à favoriser l’émergence de nouvelles pratiques villageoises.
Finalement, la transformation de patrimoines forts du village en vue d’accueillir ces nouveaux programmes est pensée dans une logique de frugalité. L’économie des ressources constructives associées aux principes de bioclimatisme répondent au besoin de sobriété énergétique.
Ainsi, ce projet interroge la mutation de Steige au regard de la transition rurale. Il se veut être un premier pas de la transformation d’un village qui pourrait accueillir d’ici quelques années de nouveaux imaginaires de vie, moins consuméristes et plus en lien avec leur territoire.