Armelle Maatoug
Le Gabut : lieu d’art et de sensibilisation au réchauffement climatique
« Transformation d’une friche industrielle en un lieu sensoriel et artistique de sensibilisation aux conséquences du réchauffement climatique (en particulier la montée des eaux), et d’imagination d’un futur adapté et désirable. »
Pause poétique dans la ville de La Rochelle, la friche du Gabut est un site particulier à l’âme artistique et sensible très marquante. Bien que bénéficiant d’une place privilégiée dans la morphologie de la ville, ses bâtiments sont à l’abandon depuis maintenant plus de vingt ans.
Dans une volonté de réactivation de ce lieu charnière, ma volonté est d’y implanter un programme politique fort et ancré dans son époque : un lieu de prise de conscience des risques liés au réchauffement climatique et de prévisualisation d’un futur attrayant. Ce lieu ayant pour but de mettre en lumière les enjeux liés au réchauffement, en particulier la montée des eaux, et d’initier des changements sur tous les plans, y compris à l’échelle individuelle.
De fait, son programme s’adresse en premier lieu au grand public, habitants et touristes de La Rochelle. La question se pose alors de la manière de transmettre ces informations et de marquer les esprits dans la durée. Cela peut s’effectuer par le biais de l’Art sous toutes ses formes, faisant appel aux sens et éveillant l’imaginaire. La madeleine de Proust nous l’apprend, la mémoire des sens est la plus marquante et ancrée dans l’inconscient.
Ainsi des œuvres interactives, des projections immersives, des parcours sensoriels, des programmations culturelles et autres seront supports de cette transmission d’informations et de cet appel à modifier nos modes de vies.
D’autre part, le site du Gabut, comme de très nombreux littoraux, sera inévitablement touché par la montée des eaux dans un futur plus ou moins proche.
C’est donc l’occasion de compléter cette volonté de sensibilisation par une ébauche de solutions architecturales à la présence de l’eau dans le futur. Cela induit une nouvelle façon d’aborder le rapport à l’existant : plutôt que de chercher à se protéger de l’eau dans une optique de résistance ou bien d’envisager aussitôt une relocalisation, l’accent est porté sur le principe de résilience, pour apprendre à vivre avec ces aléas.
Cette résilience est appliquée, dans le cadre de ce projet, aux espaces extérieurs, à l’architecture existante et également aux constructions neuves pour proposer des résolutions techniques à un contact répété avec les marées.
Pour atteindre ces différents objectifs, l’architecture elle-même est pensée dans le but de faire vivre une expérience grâce à une réflexion sur les textures, les ambiances sonores, lumineuses, les volumes etc. Elle donne de plus à voir les modifications techniques appliquées afin de devenir support d’exposition de la manière de construire demain avec l’eau.