Adele GUERRI--GRAMMONT

Filière en chantier

Ce projet propose de questionner le modèle d’urbanisation et les systèmes d’approvisionnement d’un territoire insulaire tropical. Il s’intéresse à l’’île de la Réunion, un département d’outre mer français, dont le modèle économique s’est développé de manière quasi exclusive autour de la filière canne à sucre. Ce produit du territoire est principalement dédié à l’exportation au détriment de l’autonomie de l’île en ressources alimentaires et constructives qui dépendent pour beaucoup des dynamiques d’importation. L’actuelle décroissance progressive de la production sucrière, due au mitage des terres agricoles par l’extension des zones urbaines et à la diminution des subventions publiques, invite à envisager une mutation progressive du modèle agricole et questionne le modèle d’approvisionnement global.
Pour répondre au double enjeu de transition agricole et de production de ressource constructive locale, ce sujet s’intéresse au développement de la filière bambou. Le bambou est une plante au cycle de régénération extrêmement rapide, présentant de multiples potentiels environnementaux, en faisant une ressource renouvelable quasiment inépuisable. Mais la filière est encore peu structurée à l’échelle du territoire réunionnais. L’absurdité logistique du modèle de consommation actuel consiste donc à importer d’ailleurs une ressource naturellement présente sur le territoire tandis que l’on cultive consciencieusement un produit dédié à l’export. Les enjeux actuels pour stimuler le développement de la filière sont de planter du bambou sur des zones accessibles pour de la production, de transformer cette matière produite via des unités de traitement locales à proximité des sites de plantation, de former les producteurs, transformateurs et constructeurs pour consolider les différents maillons de la filière.
Pour tenter de proposer une forme de modèle de développement répondant à ces enjeux, ce projet s’intéresse à un site périurbain sur la commune de Sainte-Marie : la frange Est de la Z.A. La Mare. Située sur la côte au vent fertile, au nord est, Sainte Marie a longtemps été le « grenier » de l’île, dont le paysage porte donc les marques du passé agricole sucrier mais aussi celles de l’urbanisation récente désordonnée symptomatique des zones périurbaines. Ce site présente un
Résumé
certain nombre d’atouts permettant d’imaginer une stratégie pour la filière.
Au delà d’une ressource constructive locale, la filière bambou pourrait être un outil pour développer une urbanité insulaire plus résiliente, initiant des mutations territoriales, entremêlant les domaines d’activité, s’intégrant à la topographie urbaine existante et absorbant les transformations des activités anthropiques.
A l’échelle urbaine, le projet est d’abord paysager. Une stratégie centrée sur l’enrichissement d’un axe Nord Sud partiellement existant, qu’il s’agit de prolonger et d’épaissir, vise à transformer la limite entre zones urbaine et agricole en une lisière agro-urbaine habitable et productive. Cet axe devra s’accompagner d’un maillage circulatoire d’abord piéton puis agricole afin de récréer une forme de porosité à travers cette frange aujourd’hui infranchissable. Il s’agit de requalifier les interstices entre les parcelles puis de régénérer celles qui sont polluées pour les rendre de nouveau habitables.
Le long de cet axe, trois sites de projet émergent, semblant propices à accueillir, dans un premier temps, des pôles programmatiques vecteurs du développement de la filière et de la transformation de cette frange. Chaque site s’implante sur un espace aujourd’hui délaissé, sans perturber les activités actuelles de la zone artisanale, et participe à renforcer un maillon de la filière bambou. Le centre de formation, la fabrique portuaire et la passerelle de franchissement de la quatre voies sont des occasions pour démontrer la pertinence du matériau bambou à répondre aux problématiques constructives tropicales et aux contraintes imposées par la saisonnalité du territoire. Le traitement et la mise en œuvre du bambou se calquent sur le cycle de régénération de la plante, impulsant un rythme saisonnier au paysage agricole et constructif. En hiver à la saison de coupe, les bosquets sont animés, les stocks se remplissent d’un matériau vert qui s’éclaircira en séchant au cours de l’été. Le cycle de cette matière en transformation participe à l’architecture de la filière.

Resource channel in progress

This project questions the urbanization model and supply systems of a tropical island territory. It focuses on Reunion Island, a French overseas department, whose economic model has developed almost exclusively around the sugarcane industry. This local product is mainly destined for export, to the detriment of the island’s self-sufficiency in food and construction resources, which are largely dependent on imports. The current gradual decline in sugar production, due to the encroachment of urban sprawl on farmland and the reduction in public subsidies, calls for a gradual change in the agricultural model and calls into question the global supply model.

To meet the dual challenge of agricultural transition and the production of local building resources, this topic focuses on the development of the bamboo industry. Bamboo is a plant with an extremely rapid regeneration cycle, presenting multiple environmental potentials, making it an almost inexhaustible renewable resource. However, the industry is still relatively unstructured in Réunion. The logistical absurdity of the current consumption model therefore consists in importing from elsewhere a resource naturally present on the territory, while conscientiously cultivating a product dedicated to export. The current challenges for stimulating the development of the industry are to plant bamboo in areas that are accessible for production, to transform the material produced via local processing units close to the planting sites, and to train producers, transformers and manufacturers to consolidate the various links in the industry.

In an attempt to propose a form of development model that meets these challenges, this project focuses on a peri-urban site in the commune of Sainte-Marie : the eastern fringe of the Z.A. La Mare. Situated on the fertile windward coast to the northeast, Sainte Marie has long been the island’s "granary", and its landscape bears the marks of its sugar-growing past, as well as those of recent haphazard urbanization symptomatic of peri-urban areas. The site has a number of assets that could be used to devise a strategy for the industry.
Beyond being a local construction resource, the bamboo industry could be a tool for developing a more resilient island urbanity, initiating territorial mutations, interweaving fields of activity, integrating into the existing urban topography and absorbing the transformations of anthropic activities.

On an urban scale, the project is primarily concerned with landscaping. A strategy centered on enriching a partially existing north-south axis, which is to be extended and thickened, aims to transform the boundary between urban and agricultural zones into a habitable and productive agro-urban edge. This axis will be accompanied by a circulation network, initially pedestrian and then agricultural, in order to recreate a form of porosity across this currently impassable fringe. The interstices between plots need to be requalified, and those that are polluted need to be regenerated to make them habitable again.

Along this axis, three project sites are emerging, which appear to be suitable for the initial development of programmatic clusters that will drive the industry’s development and the transformation of this fringe. Each site will be built on an area that is currently abandoned, without disrupting current activities in the artisanal zone, and will help to strengthen a link in the bamboo industry. The training center, the port factory and the footbridge over the dual carriageway are all opportunities to demonstrate the suitability of bamboo for tropical construction issues and the constraints imposed by the region’s seasonal nature. Bamboo processing and installation follow the plant’s regeneration cycle, giving a seasonal rhythm to the agricultural and construction landscape. In winter, during the cutting season, the groves come alive, and the stockpiles fill up with a green material that will lighten as it dries over the summer. The cycle of this material in transformation contributes to the architecture of the industry.

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