Raphael BROSSETTE

De la zone à la ville, de l’usine à la vie

Travail de recherche et réflexion sur un territoire marqué par un aménagement industriel.

L’homme a parfois bâti des territoire sans intention d’y habiter. Sans intention d’y permettre la vie. L’emploi et l’économie tournent le dos à tout un écosystème. Alors on glisse sous le tapis, dans les plis et replis du relief, un organe productif stérile. Ayant travaillé 3 étés dans une des usines de la Z.I. de Carros-Le Broc, j’ai pu éclairer cette zone d’ombre dans le territoire de la basse vallée du Var que j’ai toujours pratiqué.
Quelles interventions seraient possibles, pour humaniser un tel lieu ?

Dans le département des Alpes-Maritimes, le manque de superficie foncière plane entravant le développement de la métropole, l’aménagement du territoire se fit parfois à coup d’interventions lourdes sur le paysage.

En remontant 20 km en amont de l’embouchure du fleuve Var, autrefois frontière entre la France et le Comté de Nice, on trouve à l’aplomb du village vernaculaire de Carros, une zone industrielle érigée sur des remblais sur presque la moitié du lit majeur du fleuve.

Depuis 1968, cette zone fournit au département une alternative économique au tourisme. Placée au fond de cette vallée sur la voie d’accès à l’arrière-pays niçois, sur l’axe majeur de la métropole, cette zone mono-fonctionnelle jonchée de hangars et démunie d’équipement public, fait preuve d’un urbanisme particulièrement sec où des espaces stériles et imperméables se succèdent. Les constructions rationnelles et économiques ne représentent pas tout à fait un patrimoine architectural industriel à protéger. Pourtant, au vu de la superficie de cette zone, du nombre d’usager, de la biodiversité exceptionnelle attenante, de la richesse des paysages, l’héritage culturel des vallées du Var et de ses affluents, du statut d’OIN de la plaine du Var, l’espace de la zone industrielle de Carros-Le Broc se trouve à l’intersection d’une grande variété d’enjeux contemporains du développement de la métropole niçoise.

Dans ce PFE, un territoire et son usage est questionné. Face à 7km linéaires d’industrie, j’ai décidé d’intervenir ponctuellement sur des quartiers qui me semblaient stratégiques pour métamorphoser localement les espaces autour de la révélation de leurs identités. Pour ce faire, j’ai mis en place, avec mon équipe de charrette, des mini-projets contextualisés dans chacun de ces quartiers, traitant de thématiques identifiées en amont comme étant des leviers d’évolution de l’espace industriel. Ces projets, bien que s’inscrivant dans un site défini, constituent des outils qui sont transposables à d’autres endroits de la Z.I., laissant imaginer une manière différente de produire, en relation étroite avec un contexte social, urbain et écologique singulier.

On traite alors des ouvrages hydrauliques, fracturants et secs, leur traitement en fait des axes de vie, des parcours, où les usagers convergent et sur lesquels ils se repèrent.

Dans ce vaste territoire, des points d’arrêt, de pause, où l’on se projette sur le paysage, où on se rencontre. En attendant un bus, en arpentant les côteaux ou surplombant le lit du Var.

Certains bâtiments industriels situés à la limite de la zone sont réhabilités, perdent leurs fonction productive pour un usage culturel, ils deviennent des seuils, des portes qui rendent perméables les frontières de la ZI. Qui l’ancrent dans son contexte.

Le stationnement au sol est réduit, on range les véhicules dans des silos pensés pour être réversibles et s’adapter dans le temps aux pratiques des usagers. L’espace au sol peut alors être rendu naturel, les abords des canaux, auparavant longés de parkings peuvent s’arborer et devenir des promenades.

Certaines parcelles trop grandes pour les productions qu’elles accueillent s’ouvrent à d’autres usages. On implante des logements à proximité des hangars ne présentant pas de nuisance. Cette mixité nouvelle active les quartiers, favorise les rencontres et l’échange et propose une alternative au déplacement pendulaire particulièrement marqué à Carros.

Les déchets liées à l’industrie et à la construction sont valorisés dans un programme de ressourcerie s’implantant à proximité d’un des lieux les plus vivants de la Z.I., proche de la zone pavillonnaire, regroupant les rares commerces et points de restauration de toute la zone d’activité. L’articulation de différents bâtiments réhabilités pour cet usage se fait par le canal "ouvrage hydraulique n°8" auquel toutes les production tournaient le dos. Cet ouvrage redessiné peut alors accueillir les différents usagers sur ses rives.

Le bâtiment productif est repensé autour de l’usage d’entrepôt qui est particulièrement répandu sur la zone. Souvent sous forme de grandes boites hors d’échelle et déconnectées de leur contexte immédiat. Aveugles, éclairés au néon et climatisé. On présente donc une unité de production subdivisée, ouverte sur l’extérieur, et réversible. Dans l’éventualité où une activité cesserait il serait possible de convertir l’ouvrage en immeuble de logement.

Enfin, le vallon du Claus, à l’instar des autres vallons de la rive droite, est canalisé sur une grande distance avant de rejoindre le fleuve. Dans ce projet, une alternative est proposée en raccordant plus directement le cours d’eau, proposant une re-naturalisation de son lit lui permettant de gonfler en cas de crue. Cheminant à proximité de l’ASLLIC, le centre administratif de la Z.I., réaffirmant sa centralité et profitant de cette zone naturelle.

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