Lucie GUINET
De la précarité à la résidentialisation / Réhabilitation de l’ancien hôpital Lyautey à Strasbourg en logements pour personnes demandeuses d’asile
La question migratoire est de plus en plus présente dans la société actuelle, avec un afflux croissant de personnes de diverses origines : Europe de l’Est, Soudan, Libye… Ces personnes ont fui leur pays et ont vécu de nombreux traumatismes durant leur parcours. Leur souhait est de s’établir en France pour travailler et retrouver une vie stable et sans menace. Pourtant, le parcours de régularisation est complexe et long. En attendant la décision finale, ces personnes - hommes et femmes isolé·es, familles - se voient attribuer un hébergement temporaire dans des centres d’accueil ou à défaut de place, dans des centres d’urgence. Ces hébergements laissent peu d’appropriation et l’interdiction de travailler propre aux personnes non régularisées les entraîne dans une routine monotone rendant difficile l’intégration et accentuant les problèmes psychologiques : dépression, addictions, violences…
Pour pallier ces problèmes, ce projet s’appuie sur le principe de logement d’abord. Ce concept prévoit la réinsertion des personnes sans abri en leur mettant à disposition un logement, sans aucune contrainte. Le but est de déclencher la motivation pour les démarches (administratives, professionnelles, liées au logement…) grâce à l’appropriation d’un espace individuel à double sens, entraînant estime de soi. Ainsi la personne demandeuse d’asile n’est plus un poids pour l’Etat mais devient partie prenante de la société à travers son travail et sa consommation. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de faciliter l’intégration sociale, économique et culturelle des personnes demandeuses d’asile à la société française. L’intégration sociale vise principalement l’apprentissage de la langue et des règles de vie en société du pays d’accueil. Ce volet sera facilité par la mixité des appartements, avec des colocations regroupant Strasbourgeois·es et demandeur·ses d’asile. Un restaurant associatif et une salle d’exposition permettront une intégration culturelle afin que les populations nouvelles arrivantes puissent sensibiliser les Strasbourgeois·es à leurs origines diverses. L’intégration économique par le travail est essentielle, pour entretenir la confiance en soi et créer un rythme quotidien. Le droit au travail n’étant accordé qu’après le sixième mois de procédure, le bénévolat et la formation constituent un véritable outil d’inclusion. Un centre de formation à la permaculture et à la construction écologique apportera des opportunités accessibles sans pré-requis.
Le site de l’ancien hôpital Lyautey dans le quartier du Neuhof à Strasbourg abrite déjà un centre d’hébergement d’urgence hivernal. Les habitant·es du quartier sont donc habitué·es à la présence de cette population précaire et le fort tissu associatif crée des liens de solidarité, assurant une situation appréciable pour ce projet. Ce site aborde également la question du changement climatique, en prônant la réhabilitation et l’utilisation de ressources naturelles, en cohérence avec le centre de formation à la construction écologique. Le réemploi et l’autoconstruction permettront aux futur·es habitant·es de participer aux travaux et d’avoir un pouvoir de décision sur leur futur lieu de vie.
Ce projet vise à offrir, grâce à des équipements de quartier facilitant la rencontre et la solidarité, un lieu de vie permettant à chaque personne demandeuse d’asile de s’intégrer à la société française à son rythme, en prenant le temps de se remettre doucement du difficile parcours de migration.