Ronan GALINIER
Crise de la démocratie, repenser un Palais Bourbon pour le Peuple
Dès 1722, la duchesse de Bourbon décide d’édifier un palais au bord de la Seine qui deviendra le siège du pouvoir législatif à
partir de la Révolution. Par la suite, tout au long des changements de régimes, et notamment des républiques successives, alors qu’on
aurait pu croire en l’émergence de modifications de l’îlot qui iraient dans le sens d’une ouverture vers le peuple, il n’en fut rien. D’un
point de vue urbain, le Palais Bourbon s’inscrit dans un environnement à grande échelle, via un axe Nord/Sud qui le relie à l’Eglise de
la Madeleine en passant par le vide gigantesque de la place de la Concorde. Dans ce cadre, il participe à la mise en scène du paysage
des quais de Seine dans lequel se dessine le monumental fronton. Cependant, à plus petite échelle, ce système ne tient plus car
l’ensemble bâti est coupé de son contexte proche au moyen de clôtures, de grandes façades fermées, et reste séparé par la voiture des
quais piétonnisés. Les modifications du palais sont toujours plus introverties, comme en témoignent les travaux d’extension vers les
sous-sols.
Cette « forteresse de la démocratie », avec ses salles de commission inaccessibles et ses entrées du public très restreintes,
entre donc en contradiction avec de nombreuses aspirations contemporaines citoyennes, d’associations et de grandes manifestations
- Nuit Debout, Gilets Jaunes - à l’ouverture à davantage de démocratie participative. De plus, la 5ème République, révisée 24 fois
depuis 1958, tire sa légitimité de la voie référendaire, mais, à la différence des précédentes, n’a pas été conçue à partir d’une assemblée
constituante. Par conséquent, ce projet s’inscrit dans l’hypothèse d’un passage à une 6ème République, plus participative, dont la
constitution impliquerait des citoyens élus et tirés au sort. Le cœur de ce projet sera donc cette salle de la constituante permettant
d’autres formes de débats citoyens.
Il s’agit donc de permettre au Palais Bourbon d’incarner réellement l’entité souveraine du peuple, et d’impulser une pratique
de la démocratie plus directe, à l’aube d’une refonte des institutions françaises. Mon intervention consiste en des modifications
phasées de l’îlot à des endroits précis, et d’extensions occasionnelles sur les quais de Seine permettant une nouvelle forme de travail
entre le député et le peuple. Celles-ci formeront un « parcours citoyen » réorganisant le fonctionnement existant du cœur administratif
actuellement verrouillé. Ce programme s’inscrit donc dans une transition des représentations des institutions, faisant du citoyen un
nouvel acteur politique, dans un but pédagogique et d’enrichissement du débat.
