Aurelie VERHELST
Chavalon, écosystème transitoire
Réhabilitation d’un site industriel aux portes du Valais
Que vous veniez de Bex ou de Vevey, très vite se dessine dans le paysage la silhouette de la centrale thermique de Chavalon qui domine la vallée du Rhône à plus de 800 mètres d’altitude soit 450 mètres au-dessus de la plaine. Cette dernière est située sur la commune de Vouvry, commune du Valais de 4000 habitants. Son développement économique et démographique a largement été impacté par la construction de la centrale thermique de Chavalon et, depuis sa fermeture en 1965, profite aujourd’hui de l’accessibilité facilitée à la moyenne montagne, toutefois, le tourisme croissant met en danger la biodiversité unique de ce lieu tout en impactant les habitants des hameaux e plus, ici le dérèglement climatique est exhaussé par rapport à la plaine, et force est de constater une montée des étages alpins impactant les repères paysagers.
La centrale, a été construite en 1965. Elle est l’unique centrale thermique de Suisse et était approvisionnée au carburant lourd. L’idée même d’envisager une telle construction dans cet environnement nous est inconcevable aujourd’hui, ce qui n’était pas le cas à l’époque des 30 glorieuses où l’on consommait et consumait jusqu’à tout détruire, réduisant à néant la biodiversité. Après les deux chocs pétroliers, elle ferme ses portes en 1999. La centrale est aujourd’hui endormie Sont alors laissés en état plus de 2200 tonnes d’acier, 50 tonnes de tôle d’aluminium et un terrain de 7,5 hectares, imperméabilisé dans un emplacement singulier.
Comment initier une nouvelle dynamique durable sur le territoire Vouvryen par la reconversion de la centrale thermique de Chavalon ?
Au travers de ce projet j’instaure une nouvelle dynamique territoriale en pacifiant l’accès aux coteaux et encourageant l’usage des mobilités douces. La centrale, dont le téléphérique est alors réhabilité, s’inscrit dans ce maillage.
Tel un poste d’ observation surplombant la plaine urbanisée, ce projet propose une transformation du site en laboratoire climatique. Ainsi sera étudié les pistes sur l’acclimatation des essences d’arbres, sur l’érosion, la végétalisation et la désimperméabilisassions des sols. La forêt avoisinante devient lieu d’étude et d’expérimentation par la plantation de nouvelles espèces plus résistantes et protectrices comme le sapin blanc.
De plus l’intervention architecturale s’oriente autour de deux axes :
- Ouvrir l’architecture protectrice de la centrale sur le paysage,
- Améliorer la lisibilité de cette ensemble technique en simplifiant la géométrie
- Connecter ces bâtiments qui fonctionnent actuellement presque de manière individuelle par des constructions ponctuelles afin de créer un lien fédérateur
L’architecture légère en bois, adossée au bâti historique majestueux forme alors un écosystème répondant aux enjeux actuels tout en rayonnant à l’échelle du bassin lémanique.
L’actuelle salle des machines dont la façade a changé de visage Cet espace thermiquement tempéré devient un jardin d’expérimentation en lien avec les laboratoires, émergences de verres et de bois.
Cette aile centrée sur la recherche répond à la seconde aile programmatique qui s’implante dans les ateliers existants et est centrée sur la transformation de matière. C’est ici que se rencontre le neuf et l’ancien, le bois et les matériaux issus de réemplois.
Ces deux artères que sont le développement de filières locales de construction ou celle de la recherche et formation sont drainées par l’esplanade autour de laquelle vient se greffer un café et des logements communs pour héberger touristes, chercheurs et personnes en formation.
Des espaces de plantations que sont le jardin d’orpin, les toitures bioclimatiques, le verger ou encore les cultures en terrasse participent à une renaturation du site. Ils permettent un apport nourricier, pour tendre au fur et mesure vers une autonomie alimentaire. S’ajoute aussi des lieux techniques propre au fonctionnement du site pour une gestion raisonnée des ressources.
Alors, tourné vers la sobriété, Chavalon devient un lieu de réflexion pionnier de nouvelles pratiques environnementales.