Lorenzo Chappellaz
UPPERGROUND - Remixer la lutte pour partager la place
Le Boulevard de la Chapelle a développé sa morphologie urbaine depuis son apparition à la fin du XVIIIe siècle, initialement en tant que partie d’une enceinte fiscale entourant Paris, jusqu’à la construction du viaduc du métro au début du XXe siècle, couvrant linéairement son centre par une partie du ruban de la ligne 2. Ces évolutions infrastructurelles ont considérablement façonné à la fois le paysage physique et identitaire du boulevard.
Au fil des ans, cet axe routier et piéton a conservé son identité de quartier ouvrier avec une grande vitalité commerciale, en particulier avec l’émergence de magasins s’adressant à une clientèle à faible revenu. Par la suite, les différentes vagues migratoires depuis le milieu du XXe siècle, ont contribué à l’identité multiculturelle des quartiers accrochés au Boulevard, entraînant l’intégration de nouvelles dynamiques dans le tissu urbain. Par l’intermédiaire de ce levier social, l’axe s’est transformé en un espace commercial dynamique, avec une forte appropriation de l’espace public et des formes d’expérimentation urbaine.
Toutefois, aujourd’hui, par un processus de gentrification, ces faubourgs font face à des tensions entre populations précaires et nouvelles dynamiques commerciales et habitantes. Au sein de cette lutte des places, le Hip-Hop s’est déployé comme un dernier étendard pour représenter ce qui a fait l’essence de ces lieux depuis les années 40, en atteignant une forme de paroxysme de l’appropriation de son territoire par l’art de la rue.
L’objectif principal du projet est de concevoir un espace urbain inclusif, reflétant la culture et l’identité locale. La démarche initiale repose sur une stratégie de réorganisation de la voirie à l’échelle de la ville, visant d’abord à redistribuer les places. Dans un second temps, il s’applique à explorer comment le Hip-Hop, en tant qu’expression culturelle historique du 18ᵉ arrondissement, pourrait inspirer des réponses architecturales pour pallier les conflits d’usage existants, à partir d’interventions qui soulignent un espace qui reconnaisse à la fois les récits historiques et contemporains de la communauté occupant ces lieux. À travers cette expérimentation de l’architecture en dialogue avec une culture de la rue, le projet cherche à contribuer à la question des espaces publics et leur capacité à intégrer des formes artistiques et culturelles, ainsi que des pluralités d’usage, en mettant l’accent sur le potentiel collaboratif de l’engagement communautaire dans la transformation de ces univers.