Juliane Gibaud
Rencontres à ’Soolan’ - Qualification d’une interface urbaine à Saint-Laurent du Maroni
Située au Nord de l’Amérique du Sud, la Guyane est un département français en Amazonie. La ville de Saint-Laurent du Maroni, deuxième ville la plus importante de Guyane est à l’intersection de deux axes : l’axe Est-ouest le long du littoral entre Paramaribo, capitale du Suriname et Cayenne, et l’axe Nord-sud historique le long du fleuve et de la frontière. La ville construite au fil de son histoire a vu sa population se multiplier par 10 depuis la fin du bagne et prévoit aujourd’hui de devenir la plus grande ville de Guyane en passant de 50 000 habitants aujourd’hui à prêt de 135 000 d’ici 2030 (INSEE). Face à l’explosion démographique à laquelle elle fait face, la ville se déploie progressivement jusqu’aux limites naturelles forêts protégés, criques, zones humides, fleuve. Dénaturant d’une certaine manière les modes vies de ancestraux et d’usages du fleuve et de vie en lisière de forêt. Le contexte social complexe (forte immigration, chômage important) et la situation géographique isolée du territoire ont développé des systèmes économiques, et de transports riches et complexes qui s’organisent entre des macro-infrastructures (port maritime, zone économique et industrielle) et des micro-réseaux de commerce et d’échanges (marchés informels, transports en pirogues).
Le site de projet est un point de convergence urbaine en bord de fleuve qui ne bénéficie pas encore d’une dynamique de projet public. La zone d’intervention est un quartier multifonctionnel, entre habitat, économie formel, marchés informels et point de passage entre les deux rives frontalières.
Comment penser un développement vertueux et résilient d’un quartier en s’appuyant sur les modes de vie locaux, dans un contexte de forte pression démographique, d’économie formelle et informelle, et de rupture urbaine ?
Le projet propose le dessin d’une nouvelle accroche au fleuve qui prend place dans la nouvelle façade fluviale de St Laurent. On parcourt les berges renaturées entre activités portuaire, vie habitante, va et viens de pirogues et espaces naturels denses. Ce projet de fin d’étude questionne les modèles de production de la ville dans un contexte de territoire d’outre-mer. Il s’agit d’interroger le développement d’une ville en transition à travers la prise en compte des spécificités des contextes géographiques, climatiques, économiques et sociologiques et en s’appuyant plus particulièrement sur les modes de vie guyanais.