Lauraline Antoine
Réinvestir le coeur d’ilot Saint-Nicolas à Nancy : La manufacture Legris, terrain de jeux d’une nouvelle dynamique de quartier plus inclusive des enfants
« Dans la ville […] , vient le temps du périmètre fini, dans lequel autour de quelques ilots de permanence, il ne s’agit plus que de reconstruire » - Patrick Bloche
Face à cet enjeu de reconstruire la ville sur la ville, la mutabilité des cœurs d’ilots apparait comme un potentiel majeur de transition. Espaces protégés de la ville et ses nuisances, ils permettent l’intégration de populations plus fragiles. Pour s’adapter aux enjeux écologiques, ces cœurs peu qualifiés offrent une opportunité de végétalisation.
Très marqué par des phénomènes d’ilots de chaleur, le cadre de réflexion d’étude est posé à Nancy, commune de plus 100 000 habitants. La ville se développe autour de deux franges identitaires : la « Vielle-ville » en pierre d’Euville accueillant la place Stanislas et les rives de Meurthe, frange industrielle en reconversion. Au centre, la frange semi-industrielle, tissu d’entre deux, se démarque par sa morphologie hybride habitante et industrielle organisée autour de cœurs d’ilot de grandes tailles. Néanmoins, l’engluement successif de ces espaces par la voiture place aujourd’hui ce tissu comme une frontière dans la ville. L’héritage industriel présent en cœur d’ilot est alors invisibilisé, devient un arrière de cour sans contact avec le pourtour habitant. De plus, la nouvelle division administrative de la ville fracture le tissu en deux entités et exclue les habitants des polarités actives de Nancy. Abritant de nombreuses écoles, le quartier Charles III est animé par une dynamique scolaire, un potentiel à revaloriser.
L’objectif de ce PFE est de se demander : Comment imaginer la mutation de l’ilot semi-industriel Saint-Nicolas, aujourd’hui hermétique au service d’un nouveau pôle habitant plus inclusive des enfants ?
Le projet se décline à trois échelles : Urbaine, Ilot et Architecturale.
La réappropriation des cœurs d’ilots de la frange semi-industrielle en espaces publics permet d’imaginer une nouvelle ceinture verte à l’orée des remparts historiques, palliant le manque de végétation en centre-ville. Abritant de nouvelles mobilités piétonnes, elle crée une balade Nord-Sud à la découverte du patrimoine bâti nancéen.
L’ilot Saint-Nicolas, situé au Sud du parc Charles III, apparait comme un point clé de la mise en place de la stratégie urbaine. L’implantation d’un programme tourné vers les enfants permet de réfléchir à la création d’une nouvelle polarité habitante et redonne à la manufacture Legris sa place de cœur actif de l’ilot.
Les interventions architecturales et paysagères se glissent derrière les façades modénaturées pour les sublimer. La réinterprétation des toitures, signale les nouveaux espaces par des jeux de lumière tout en intégrant de nouvelles considérations thermiques.
Finalement, ce projet interroge la place des cœurs d’ilots dans la création d’une ville plus apaisée, qui fait la part belle aux piétons et au végétal. Il s’appuie sur la revalorisation du déjà-la pour créer de nouveaux espaces communautaires identitaires pour le territoire.