Jérôme Simonet
Réhabilitation du Grand Hôtel du Markstein - Pratiquer la montagne aujourd’hui et demain
Construit dans les années 1930 pour concurrencer les domaines alpins, le Grand Hôtel du Markstein s’est heurté à la démesure de ses ambitions et a été contraint de fermer seulement 5 ans après son ouverture, faute de rentabilité. Même après sa modernisation dans les années 1960, son exploitation a cessé définitivement en 1994 et le bâtiment est tombé à l’abandon, au cœur de la modeste station vosgienne du Markstein. Aujourd’hui sa démolition est envisagée, pour reconstruire un hôtel à la place, laissant de côté l’histoire de ce bâtiment et sa position singulière par rapport à son environnement.
Construit perpendiculairement à la pente, le Grand Hôtel offre en effet une vue à près de 360 degrés sur le massif vosgien. Il est également entouré d’une épaisse végétation qui offre à ses espaces un abord de qualité. Malheureusement, tel qu’il a été conçu à l’époque, le bâtiment ne traduit aucune volonté de s’ouvrir à cet environnement exceptionnel. Alors, étant donné que le tourisme vosgien est particulièrement menacé par le réchauffement climatique actuellement, la réhabilitation de ce vestige peut-elle le reconnecter à son contexte et être le moteur d’un retour à une pratique plus sobre du massif ?
Le programme s’organise en 3 pôles et traduit la volonté de développer un nouveau parcours à la fois physique et sensible au cœur du bâtiment, plus proche du lieu et plus proches des autres. Le pratiquant sera tout d’abord amené à échanger avec ses homologues au cours de son séjour à l’auberge. Il sera ensuite invité à participer plus formellement à des activités de sensibilisation au sein du centre nature et montagne. Enfin, il sera rendu acteur de sa sensibilisation en participant à la production locale de ressources pour le fonctionnement de l’auberge, dans la serre de culture ou dans la ferme qui viennent compléter le programme.
Le projet accompagne alors la volonté d’ouverture et une certaine mesure est prise dans l’intervention. Par le biais de démolitions localisées, le bâtiment est ouvert au parcours et au public. L’intervention bâtie se concentre ensuite en toiture où les parties existantes vétustes sont remplacées et réadaptées au lieu. Les nouvelles toitures font alors dialoguer les deux volumes principaux, leur procurent un caractère plus local et une simplicité. Elles accompagnent l’ouverture du socle vers l’extérieur et l’orientation du corps d’hôtel, traduisant une conception du bâtiment plus proche de son contexte.
Présent tout au long de l’intervention, le bois, matériau environnemental et local, représente le fil directeur du projet, il confère aux espaces clés leur ambiance chaleureuse et réinterprète les modes de conception traditionnels pour donner au bâtiment son caractère contemporain. Il est mis en contraste avec les parties maçonnées existantes, retravaillées avec un enduit à la chaux, témoignant des époques passées et futures du bâtiment, transmettant implicitement au visiteur l’histoire de ce lieu et les erreurs qui ont pu être faites à l’époque lors de sa conception.