Camille MICHEL
Réhabilitation d’un grand ensemble marseillais
Les grands ensembles de logements sociaux font partie intégrante de notre paysage urbain. Ils portent à la fois la mémoire d’un idéal collectif, celui de loger rapidement et dignement une large part de la population française dans des logements modernes et abordables, mais reflètent aujourd’hui la fragilité de nos villes contemporaines : souvent marquée par le désengagement des politiques publiques et la concentration de la précarité qui touche ces quartiers.
Le cadre de cette réflexion d’étude est posé à Marseille, marquée par la forte présence de grands ensembles de logements sociaux,. Les inégalités sociales y sont très marquées entre le Sud de la ville et les Quartiers Nord, qui concentrent aujourd’hui la majorité des opérations de renouvellement urbains menées par la Métropole. Parmi elles, la transformation du quartier du Grand Saint Barthelemy et Grand Malpassé. Elle cherche à dédensifier le territoire pour réduire une « hyper-concentration » multiple : celle des formes urbaines hors d’échelle, d’une population précaire et des déserts en équipements de proximité. Dans ce cadre, la ville propose la démolition de certains « Monstres » architecturaux, comme les Oliviers A, un bâtiment linéaire de près de 200m de long abritant plus d’un millier d’habitants. Faute de capacité de relogement de la part du bailleur social, l’ouvrage a finalement été écarté du projet de renouvellement urbain, laissant ainsi une infrastructure hors d’échelle à la lisière du périmètre d’intervention, sans réelle prise en compte de sa présence dans la stratégie globale.
Ainsi, l’objectif de ce Projet de Fin d’étude est de s’interroger sur l’avenir de la barre, de ses habitants et de son contexte urbain :
Comment réintégrer le bâtiment des Oliviers A dans une dynamique urbaine cohérente, en dépassant sa marginalisation actuelle et en faisant de cet immeuble de logement un cœur de vie à l’échelle du quartier ?
A l’échelle urbaine, il s’agit de proposer une stratégie permettant de remailler le territoire. En effet, l’omniprésence de la voiture organise aujourd’hui le treizième arrondissement autour d’axes majeurs reliant le centre-ville aux massifs montagneux du Nord de Marseille. Il s’agit de les compléter par un réseau dédié aux piétons et aux cyclistes qui relierait ces axes principaux d’Est en Ouest et permettrait de désenclaver les ensembles de logements sociaux qui composent le territoire.
A l’échelle de l’ensemble, le groupe de logements sociaux auquel appartiennent Oliviers A agi aujourd’hui comme une frontière, adossée à la topographie. L’enjeu est d’ouvrir et de rendre traversant cet ensemble, en qualifiant les espaces publics pour en faire des lieux de vie, organisés autour de programmes d’équipements de quartiers.
Les interventions à l’échelle du bâtiment séquencent la façade monotone existante, grâce à des ouvertures et des passages qui traversent les volumes. Les seuils sont redéfinis, des espaces les plus publics jusqu’aux cellules d’habitation. Un socle d’équipements de quartier redonne une échelle humaine au rez-de-chaussée, tandis que la variation des typologies et l’ajout de balcons permettent d’adapter les logements aux habitants et de favoriser la mixité sociale.
Finalement, ce projet n’a pas vocation à proposer une réponse urbaine et architecturale universelle, qui serait transposable et applicable ailleurs, mais plutôt de s’appuyer sur une analyse fine du territoire et d’ancrer toutes les intervention dans leur contexte. Il s’agit de mettre en valeur le « déjà-là », qui ne doit plus être perçu comme un fardeau mais comme une opportunité de support de transformation urbaine et sociale dans ces quartiers.













