Maxime FERRARI
Ouvrir la voie | Acheminer la transition vers la Haute Vallée de la Thur
La vallée de la Thur en Alsace, connut une riche histoire mêlant nature et culture avec un double profil spatial entre le clocher et la cheminée ainsi qu’un double profil habitant entre paysans-fermiers, paysans-artisans et paysans-ouvriers. En 1839, la troisième ligne de chemin de fer de France relie Mulhouse à Wesserling, parc industriel textile pionnier et florissant. A la suite de la crise du textile des années 1950, la vallée se transforme et s’éloigne de son patrimoine fermier, industriel et ferroviaire.
L’économie spatiale s’oriente alors autour de la route et les paysages d’antan s’enfrichent, la richesse des étagements écologiques se fragilise. Les modes de vie modernes s’accompagnent d’un mitage non maîtrisé, d’un risque de crue toujours présent, et d’une mutation du climat atteignant les sols et les forêts.
Pendant ce temps, le patrimoine ferroviaire sommeille : le récent projet de tram-train ne parvint que jusque l’entrée de la vallée à Thann, et le mode routier l’emporte toujours sur le chemin de fer.
Pourtant, cette ligne de desserte fine du territoire se caractérise par de multiples rencontres entre l’urbanité de la vallée et son paysage singulier. Habiter, produire, explorer : tous trois correspondent à une mobilité structurant nos quotidiens ainsi qu’à des enjeux de taille qui nous guettent...
Ainsi l’hypothèse de projet choisit le train pour répondre de façon croisée aux grands enjeux du XXIè siècle au sein de la vallée de la Thur.
En redynamisant le chemin de fer grâce à de nouveaux modèles ferroviaires citoyens, une logistique ferroviaire de proximité renaît sur le pinceau de triage de Wesserling, acheminant de nouvelles matières et réorganisant les filières courtes agricoles et industrielles. La gare s’inscrit comme une nouvelle polarité rurale structurante et s’agrémente de nouveaux services. Le long des axes-gare, la vallée retisse des liens avec ses transversalités en regénérant des modes productifs agricoles sur les versants enfrichés, tout en maîtrisant de nouvelles densifications autour du chemin de fer.
Afin de manifester la biorégion autour du chemin de fer et du paysage, le Parc de Wesserling semble être un point de départ pertinent en l’histoire qu’il véhicule, le projet de réhabilitation à succès qui l’a fait renaître et son potentiel à résonner à l’échelle de la vallée en reconsidérant ses limites, ses usages et ses mobilités.
De la recomposition du Parc de Wesserling autour d’une double gare naît l’image d’une ruralité renouvelée, ouvrant la voie à un paysage en transition qui permettra d’habiter durablement la vallée de la Thur au XXIè siècle.
Equipe de charrette : AI6 Marie Mutschler, AI3 Emilien Pastant, AI2 Simon Lutz, AI1 Jean-Jacques Vallet, AI1 Capucine Pré