Claire Aubry
Mulhouse, libérons la prison ! De la frontière au seuil
“Faire la ville sur la ville”, la sobriété, l’écologie, la densification urbaine, le
patrimoine, le faire avec ce qui est déjà là, le nouveau souffle, le faire mieux avec moins, … Autant de principes qui résonnent avec mes convictions actuelles et dont j’ai souhaité me servir pour nourrir mon projet de fin d’études. De ce fait, j’ai décidé d’imaginer un nouvel avenir à la prison de Mulhouse, vidée fin novembre 2021 et au futur incertain. Située aux portes du centre-ville historique, l’îlot de la prison est une perle rare en milieu urbain et pourrait devenir un lieu unique en son genre dans la ville, atypique, inédit, un the place to be surprenant pour un endroit fuit depuis 150 ans.
Ce sont 11 bâtiments parsemés sur 1,5 hectares qui sont prêts à
écrire une nouvelle histoire, à révéler leurs pierres, leurs
briques, leurs détails, leur genius loci. Mais pour ce faire, il est nécessaire de faire sauter quelques verrous, de dépasser ce statut de frontière, de
barrière, de verrou urbain, de perforer un mur d’enceinte de 8 mètres de haut pour y faire pénétrer la vie, d’apaiser les murs plein de souffrance,
de changer l’image du lieu, de connecter un voisinage que tout oppose, de
redécouper ce territoire hors d’échelle, de susciter l’envie, la curiosité, la
nécessité d’y être…
Cette résurrection commencera par le sol, en supprimant peu à peu le bitume des cours de promenade pour le remplacer par un sol naturel et vivant. Créer un îlot de fraîcheur est essentiel si l’on ne veut pas mourir en suffocant dans nos villes.
Ainsi, le ruisseau du Steinbaechlein, enterré sous la prison, sera remis à ciel
ouvert et sera le coeur d’une noue paysagère. Ruisseau, berges, prairies, potagers, vergers, … la nature sera déclinée sous maintes formes afin de faire fusionner Homme, ville et paysage, et d’améliorer la qualité de vie.
L’espace public est essentiel dans nos vies. Il est ouvert, accessible à tous, peu importe l’âge, le genre, l’origine, gratuit et surtout support d’échanges, de rencontres, de partage et de vie. L’espace public est un endroit dynamique de concentration et de rediffusion des flux, qui accompagne le promeneur vers son but ou lui en donne un. Il est le premier seuil des équipements, des services et des programmes en général. Cependant, il a également pour vocation d’être statique, d’être un lieu aux multiples fonctions : on doit pouvoir s’y arrêter, lire, observer, discuter, faire du sport, jouer, rêver, …
Dans cette dynamique d’accessibilité, ce nouveau lieu reconverti apportera
quelque chose à tous les individus. Ainsi, la programmation doit être publique, variée et toucher tous les profils : centre culturel, centre sportif, café, groupe scolaire, halle de restauration, ateliers d’artistes, lieu d’exposition, cité judiciaire, centre d’orientation, … Autant de programmes qui viendront s’installer dans les bâtiments existants et leurs nouvelles extensions.
La reconversion de la parcelle doit être le témoin de l’évolution de l’histoire, du passage d’un lieu d’enfermement à un lieu d’ouverture. Une ouverture au monde, aux autres et à soi-même.