Marion MOREAUX

Mirecourt, de l’écorché à la valorisation de nos patrimones

Petite ville vosgienne, Mirecourt se révèle riche de savoir-faire. Portée par ses luthiers notoires, sa renommée s’étend au-delà de nos frontières. La ville s’est construite à proximité des berges du Madon et s’est développée de part et d’autre de sa rue dite historique, devenue aujourd’hui l’artère principale. La topographie du site induit une organisation de la ville en paliers, du plus haut à l’ouest, au plus bas à l’est, jusqu’aux berges de la rivière. Des venelles permettent le passage d’un palier à l’autre et ainsi la découverte d’une ville plus secrète. On y appréhende, dans une certaine intimité, un patrimoine vernaculaire des 17ème et 18ème siècles. Malheureusement, le piéton peine aujourd’hui à trouver sa place à Mirecourt, où la voiture règne en maître.
Le point de départ de notre réflexion porte sur un monument particulièrement meurtri, au cœur de la ville, situé à deux pas des principales institutions. Il s’agit d’un ancien théâtre à l’italienne, inscrit au sein d’une chapelle du 18ème siècle, classé au titre des monuments historiques. Le bâtiment et son contexte urbain proche ont tous deux souffert de nombreuses démolitions au cours de ces dernières années. La question posée est celle de la requalification de nos centres villes. Comment la valorisation de nos patrimoines peut-elle participer à la dynamisation de nos territoires ?
Deux éléments subsistent de l’ancien couvent : sa salle capitulaire et sa chapelle, transformée en théâtre. Ce patrimoine, les mircurtiens y sont particulièrement attachés. Aujourd’hui, la ville a entrepris le réaménagement de la place bordant le monument. Ce projet urbain ne tient néanmoins pas compte d’une éventuelle réhabilitation de l’édifice et contribue au renforcement de la voiture en ville.
Le projet de fin d’études suggère ainsi le monument conventuel comme point de départ et ressource à cet ensemble urbain en quête de sens et de cohérence. Tout en abordant la thématique du cœur d’îlot, des intériorités et des degrés d’intimité, il s’agit d’esquisser et d’impulser une nouvelle centralité à Mirecourt, où chacun puisse prendre place. Le projet propose à la ville un nouvel équipement culturel sur lequel appuyer sa renommée : une salle de concert, fonctionnelle et adaptée, mettant en scène savoir-faire et talents.
À l’image du Fond Région d’Art Contemporain développé par Lacaton & Vassal à Dunkerque, le projet inclut le monument à son fonctionnement, comme lieu d’accueil, d’échanges et de vie, tout en se prévenant de lui imposer son usage et ses contraintes techniques associées. À l’écart de toute muséification, le souhait est fait d’une appropriation quotidienne et d’interventions mesurées quant à ce patrimoine atypique, marqué par le temps et entaillé par les hommes. Par la mise en scène de ces cicatrices, la révélation d’anciennes ouvertures et la valorisation de venelles existantes, l’emploi de ressources locales et la cherche d’un juste équilibre entre les pleins et les vides de cet ensemble urbain, c’est finalement un nouvel essor pour la ville que je souhaiterais voir porté par ce projet.

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