Mélodie Pezet
Le Moule, réappropriation du centre bourg. Un laboratoire de solutions possibles pour la ville caribéenne
La Guadeloupe, situé au cœur de l’arc antillo-caribéen, apparaît comme un paradis sur terre. Cet achipel de sept îles, aux multiples visage, offre des paysages très contrastés : végétation luxuriante, volcan, rivières en Basse-Terre. Plages de sables fin, lagons et barrière de corail en Grande-Terre. Seulement, un point commun dénote et nous raccroche à une réalité : le paysage insalubre de la ville. Ce projet s’intéresse à la problématique de dévitalisation des centres bourgs en Guadeloupe, observables depuis la fin des années 2000. La progression constante du bâti vacant ou délabré, causée principalement par les risques majeurs et l’indivision, entraîne une paupérisation importante de la population et un étalement urbain. Cet effacement progressif des terres agricoles vient alors nuire à l’économie locale.
L’objet de ce PFE est d’identifier une commune sur laquelle expérimenter des solutions adéquates, qui permettraient de réinvestir et réinventer ces centres-bourgs. Le Moule, commune de 22 149 habitants , orientée sur l’atlantique, capitale agro-industrielle, ancien plus grand port de Guadeloupe, fera l’objet de cette étude. Ce territoire, représentatif des enjeux caribéens, au plan colonial marqué et à proximité même du littoral est confronté à une économie fragile, ainsi qu’à des particularités induites par l’insularité.
Une première approche urbaine a permis de démêler le nœud de ville, causé par l’omniprésence automobile. L’objectif est de redonner la place au piéton, habitant ou visiteur, dans l’espace public, pour espérer pouvoir le réinvestir et le redynamiser.
Ensuite, le projet ambitionne la transformation du damier colonial en échiquier urbain. Bâti insalubre, vacant ou dent creuse, le centre bourg peut aujourd’hui être perçu comme un véritable plateau de jeu, dans lequel on peut déployer des stratégies. Il s’agit alors dans un premier temps d’identifier les vides qui peuvent accueillir le logement, programme indispensable au Moule. Un travail sur la réinterprétation de la case créole et les modes de vie locaux a été mené, afin de proposer une conception qui soit dans le respect d’une culture très ancrée, tout en redonnant de l’attrait au logement de centre bourg. Ensuite, il est question de réinvestir le bâti vacant qui présente du potentiel, pour s’en servir comme support à un programme mixte et dynamisant. Les vides résultants, essentiels à la respiration du tissu contraint typique du damier colonial, sont quant à eux laissés à une appropriation guidée. L’objectif est alors de rendre l’espace public aux piétons, qu’ils puissent l’investir et le faire vivre.
Enfin, par l’utilisation du bambou, le projet questionne dans le détail les modes constructifs, et matériaux locaux à réinventer, qui permettront de produire une ville résiliente, capable d’évoluer et de s’adapter, aidant le territoire à retrouver, à terme, toute sa cohérence.