Elise DE SEZE
Explorer et habiter le vallon de Champagny-le-Haut
Le vallon de Champagny-le-Haut, en Tarentaise, est un territoire marqué par une forte identité paysagère et culturelle. Autrefois façonné par l’agropastoralisme, il conserve les traces d’une vie communautaire structurée autour des hameaux, des fermes et des activités de montagne.
Aujourd’hui, ce patrimoine matériel et immatériel subsiste, mais il est fragilisé par l’exode rural, le vieillissement de la population et la dépendance croissante à une économie touristique saisonnière. En dehors des périodes d’affluence, le vallon apparaît comme un espace en retrait, où les hameaux – la Chiserette, le Bois, Friburge, Le Laisonnay – s’animent puis s’éteignent au rythme des saisons.
Face à ce constat, le projet cherche à réactiver le territoire en s’appuyant sur ses ressources propres et sur son histoire. L’objectif n’est pas de créer un nouveau dispositif extérieur, mais de travailler à partir du déjà-là pour valoriser et transmettre. Au regard des politiques du parc national de la Vanoise, je propose donc de faire du vallon une séquence éco muséale au fil du Doron, le torrent qui s’écoule en fond de vallée. Un fil qui relie les notions complémentaires, de territoire, d’agropastoralisme, d’artisanat, de faune et de flore.
Chacun d’eux devient porteur d’une thématique : à La Chiserette, l’accueil et la mémoire du territoire et des glaciers associés au moulin et à une boulangerie-épicerie qui recrée un service de proximité ; au Bois, une ferme agropastorale qui conjugue production, pédagogie et lien avec un passé agropastoral ; à Friburge, un lieu centré sur l’artisanat, la menuiserie et la réhabilitation du bâti ; au Laisonnay enfin, un espace tourné vers la découverte de la faune et de la flore et du.
Ces lieux s’inscrivent dans une logique d’expérience partagée, mêlant habitants, saisonniers et visiteurs.
L’approche architecturale privilégie la réutilisation et l’adaptation du bâti existant, ainsi que des interventions ponctuelles et mesurées. Le langage vernaculaire — pierre, bois, lauze — sert de référence pour inscrire chaque geste dans la continuité du territoire, tout en proposant une écriture contemporaine. Le projet ne se limite pas au bâti : il accorde une place importante au non bâti, aux espaces collectifs, aux parcours, aux seuils, aux jardins et aux vergers. Ces éléments, parfois modestes, participent à retisser du lien social et à redonner une dimension partagée au vallon.
Ce travail s’inscrit dans un contexte plus large de mutation des territoires de montagne, où les effets du changement climatique et la dépendance au tourisme de masse interrogent les modèles existants. Champagny-le-Haut devient ainsi un terrain d’expérimentations pour une autre manière d’habiter la montagne, plus consciente, plus équilibrée et plus respectueuse de ses ressources.















