Liantsoa Rabarijaona
Brickaville, vivre demain avec l’eau. Entre urbanité et agriculture, renforcer la résilience des habitants.
Ville fluviale à l’Est de Madagascar, Brickaville et ses 28 000 habitants font face au cours de la saison des pluies à des inondations plus intenses et plus rapprochées chaque année. Malgré ces évènements climatiques, véritables freins à son développement économique, la commune ne cesse de s’étendre, au détriment des dernières barrières paysagères qui l’aident à faire face aux éléments.
Pour mieux comprendre les enjeux qui se jouent sur ce territoire, il faut alors remonter à l’échelle de la région et même du pays. En effet, dans la région agricole de l’Atsinanana, les avantages offerts par le climat équatorial -terres fertiles et forêts primaires berceaux d’une biodiversité unique au monde- semblent prévaloir sur les risques cycloniques pourtant menaçants. De plus, sur cette île où l’accès à l’eau est un luxe, la densification des zones inondables est inévitable, entraînant les populations dans une boucle infernale de précarité.
Mon projet s’attache alors à proposer un nouveau rapport à l’eau, et de manière plus générale aux éléments, tout en s’adaptant aux modes de vie et coutumes, afin de renforcer la résilience des habitants.
Pour cela, je me suis concentrée essentiellement sur une frange expérimentale, à l’interface entre aire urbaine et pôle de vie rural, s’accrochant à la ville d’une part et au fleuve d’autre part. A travers un programme scolaire et agricole (campus et coopérative), j’ai porté l’accent sur l’éducation et la sensibilisation à la préservation du patrimoine végétal, tout en m’attachant à FAIRE AVEC les différents éléments constituant le contexte.
La pédagogie s’étend ensuite aux systèmes hydrauliques, aux systèmes constructifs et à l’exploration de nouveaux matériaux pour vivre autrement avec les éléments. Une ressourcerie et un internat seront alors construits en chantiers écoles pour renforcer le savoir-faire des habitants et donc leur résilience face aux aléas climatiques.
Chaque élément mis en œuvre au sein de cette frange a vocation à être reproduit à l’échelle de la commune voire du district. J’ai alors pensé une stratégie multiscalaire basée sur un cahier des charges paysagers nécessaire sur le grand territoire.